« Afrique, un avenir en sursis », mon coup de coeur littéraire

Article : « Afrique, un avenir en sursis », mon coup de coeur littéraire
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11 février 2013

« Afrique, un avenir en sursis », mon coup de coeur littéraire

livre baba ali

Ces derniers temps l’une de mes marottes en lecture, que je relis toujours avec le même émerveillement, est l’ouvrage Afrique, Un avenir en sursis des frères Alain T. et Edgard G. HAZOUME, paru en 1988 aux éditions de l’Harmattan.

Ils y faisaient un diagnostic approfondi et pointu de l’état de l’Afrique, dans une belle écriture de beauté et avec le mot juste. Lourdement documenté, avec des  références assez précises, j’ai rarement rencontré  une plume aussi passionnée et acerbe.

Au prologue déjà, on prend en plein figure avec cette lourde affirmation:

Accepter, nous en saisir l’évidente réalité , notre sous-développement, en ce que ses racines prennent naissance aux confins de notre histoire, constitue déjà un gage de salut. L’amorce d’une réflexion véritable, certes douloureuse, mais bénéfique ne s’effectuera qu’en détournant notre regard inquisiteur d’autrui pour le braquer sur nous-mêmes. Nous sommes la clé de nos propres problèmes, et c’est peut- être pour cela que nous redoutons viscéralement une « auto- réflexion »

En même temps on y décèle une violence larvée vis-à-vis de l’Afrique…..La notion de service public est méconnue; ne subsistent plus que des services privés rendus à la carte, selon une foule de facteur dont chaque détenteur de pouvoir est seul juge. La rotondité de la requérante, le volume de l’enveloppe, l’existence de liens familiaux, amicaux ou ethniques et une noria d’autres critères font que ne se posent que des cas distinctifs, des exceptions à la règle. A l’image de leurs gouvernants, les petits confectionneurs ont créé, à leur échelle, un réseau, fait des corruptions et de népotisme, serré et systématique. Ils en vivent et améliorent comme ils peuvent l’ordinaire……..

L’occident aussi n’est pas en reste…..et sans avoir foulé son socle, nous connaissions <<tout>> de la France. Son passé, ses chefs, et ses rois, Dagobert portait sa culotte à l’envers, St Louis rendait justice sous la chêne, ses guerres et ses défaites complaisamment apparentées à des victoires, Waterloo, Austerlitz, ses coutumes et ses mœurs , les frasques de Brigitte Bardot, ses chansonniers à succès, les vêtements et les manies à la mode. Sans l’avoir approché, par l’emboitement d’une multitude d’intermédiaires, livres, rumeurs, médias, presse, globe-trotters, films, nous étions journellement repus de culture française. La France, nous la connaissions. Nous avions la sensation bien qu’étant à des milliers de kilomètres, de vivre dans sa chaude et captivante intimité. Elle était pour nous comme une seconde mère, une nourrice abondante, tenant à nous abreuver de son trop plein de lait culturel. Nous pensions qu’elle aussi nous connaissait. Et pourtant……..

Toutes ces douleurs et tout ce ressentiment se traduisant par une hypertrophie de l’engagement et de la justice

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Commentaires

serge
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l'occident a eu à faire une "auto-reflexion" dès l'époque de socrates, descartes, etc. la tradition africaine ne pose pas le problème de la critique. celle-ci étant une epistemé occidentale.
Il a raison en plusieurs aspects